La Compagnie des Indes

Il s'arrête quelques instants, regarde Ram qui a repris sa place sous l'arbre et reprend :
    ─ La Compagnie des Indes Orientales a été fondée à Londres en 1600 avec un objectif très simple, il s'agissait d'acheter à bon prix les produits de l'Inde pour les revendre le plus cher possible en Europe. Le rapport était parfois de un à cinq. Madras est avec Bombay et Calcutta l'un des trois grands comptoirs où se traitent les affaires. C'est dans ce contexte que s'est développé le commerce de l'opium avec notamment l'obtention pour la Compagnie du monopole de la culture du pavot au Bengale en 1773. On évalue actuellement le produit de ses ventes à un dix-huitième du revenu indien. Un tel développement fut d'autant plus facile que certains négociants font partie des commissions législatives et exécutives du gouvernement colonial de Londres. Mais le véritable pouvoir appartient en réalité aux agents sur place avec un si grand esprit de collusion que le gouvernement de sa Majesté fut contraint d'intervenir à plusieurs reprises. Le zèle excessif cache bien souvent chez bon nombre d'individus des ambitions personnelles démesurées.   Le destin de certains grands personnages au service de la Compagnie  ou de Gouverneurs Généraux de l'Inde reste encore dans bon nombre de mémoires. Le baron Robert Clive, malgré ses brillants états de service militaires fut jugé, accusé de concussion. On le soupçonnait d'avoir reçu trois millions et demi de francs en cadeau de princes indiens. Il se suicida. Hastings Warren, fut lui aussi soupçonné de malversations, il avait vendu la province d'Oudh pour cinquante millions de francs à un rajah. Il mourut ruiné. Et enfin, plus récemment, Richard Colley Wellesley qui doubla les possessions de la Compagnie mais à qui on reprocha ses dépenses et une ambition démesurée qui ne pouvait que déplaire. Il fut rappelé.

                                                                           Les Larmes du Buffle  page 28